RE: « Ça m’a mise très en colère », ou « ça m’a mis très en colère »?

Je connais la règle de l’accord avec le COD placé avant le verbe, mais en écrivant « ça m’a mise très en colère » j’ai eu un doute… Avais-je raison?

Merci de votre aide!

AGM

PS: Je suis une femme, bien sûr!

AnnieGM Débutant Demandé le 17 avril 2021 dans Accords
4 Réponses

Bonjour @Chambaron,

C’est une question intéressante, qui m’a demandé réflexion : j’ai cru pour commencer que c’était dû aux exceptions à l’accord avec le COD, puisqu’il en existe plusieurs. En fait, j’admets assez facilement ces exceptions, dans la mesure où je les comprends et les applique intuitivement.  Or, mon intuition était quelque peu ténue dans le cas que je cite.

En creusant un peu, j’ai réalisé que mon problème venait de l’oral : si je prononce « je me suis mise en colère », ça va bien… et pour cause! Il n’y a pas de différence sonore. Mais plutôt que de prononcer  « ça m’a mise très en colère », je prononce « ça m’a mis très en colère » – à cause de la consonne initiale de « très ».
Et pourtant, la plupart du temps ai-je l’impression, je prononce le féminin de l’accord du COD, consonne initiale ou non dans le mot qui suit, comme par exemple dans « la chose que tu lui as dite ce soir », et reprends d’ailleurs souvent mes enfants (jeunes adultes) quand ils font ce type de faute. Cela viendrait-il du fait qu’ici la prononciation correcte est unique (« la chose que tu lui as dite ce soir ») parce que « la chose » est de genre féminin, et ce quel que soit le sexe du locuteur, alors que la moitié des locuteurs (ceux de sexe masculin) prononcent sans erreur « ça m’a mis très en colère » et l’autre moitié (de sexe féminin) devraient prononcer « ça m’a mise très en colère » ? Effet pervers de la prédominance du masculin sur le féminin? Je ne me « prononce » pas…

J’espère que ces quelques réflexions vous aideront, si peu que ce soit, dans votre étude!

AnnieGM Débutant Répondu le 18 avril 2021

Un sincère remerciement pour le temps que vous avez pris à analyser le phénomène. C’est une des illustrations (mais des plus emblématiques) de ce que l’on appelle souvent « l’insécurité linguistique ». Oralement (ou pire en écrivant), le locuteur doit en permanence se surveiller, non par peur d’être incompris mais par crainte de déroger au code social. Cette tension est énergivore et détourne de points plus importants (contenu, vocabulaire, syntaxe).  La règle d’accord en question est typique (personnes qui se reprennent, hésitent ou condamnent). Exception française au sein des milliers de langues de la planète (présentes ou passées), c’est une survivance « baroque » (au sens de datant de la Renaissance) contre nature et dommageable sur le plan social. D’une inutilité flagrante (les études linguistiques montrent qu’on n’entend la différence que dans 3 % des cas), elle consomme à elle seule beaucoup de temps scolaire pour un résultat dérisoire.
Pour d’autres explications, vous pouvez consulter le site du groupe de  linguistes francophones qui oeuvre pour sa réforme institutionnelle (et celles de quelques autres bizarreries).

le 18 avril 2021.
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Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.