RE: Bonjour. Ma question porte sur la pertinence de la conjugaison du verbe être dans les cas suivants :

(…)
Si de l’amour qui tout transporte

Nous fussions les féaux gamins,

Croyant toujours aux lendemains

Quitte à ne pas fermer de porte,
(…)

Et, de monsieur Paul Fort :

(…)
Sans ton amour que j’idolâtre,
las ! que fussé-je devenu ?
(…)

Merci de vos réponses  et pour vos louables efforts didactiques.

salus Membre actif Demandé le 5 juin 2022 dans Accords
6 Réponses

Deuxième phrase : le subjonctif plus-que-parfait est l’équivalent d’un  conditionnel dans le passé.

Quand on inverse sujet et verbe, certains « e » muets deviennent des « e » prononcés. Pour les verbes du premier groupe à la première personne du présent de l’indicatif, « je chante » devient « chanté-je ? » signifiant « est-ce que je chante ? ». L’accent indique que le « e » de la conjugaison cesse dans ce cas d’être muet. On l’écrit traditionnellement « é », on le prononce « è », et les rectifications orthographiques de 1990 proposent de l’écrire « è ». Cela vaut également à l’imparfait du subjonctif de certains verbes : devoir : je dusse, dussé-je ; être : je fusse, fussé-je ; avoir : j’eusse, eussé-je…

Donc « fussé-je » est le subjonctif imparfait de « être », et « fussé-je devenu » est le subjonctif plus-que parfait de « devenir ».

L’emploi des temps de la phrase est très correct, classique et encore enseigné, utilisant la possibilité de remplacer le conditionnel passé par le subjonctif plus-que-parfait.
— J’aurais préféré un éclair au chocolat = j’eusse préféré un éclair au chocolat.
Souvent après un « si » et un plus-que-parfait de l’indicatif :
— Si tu ne m’avais pas aidé, que serais-je devenu ? je serais parti, j’aurais renoncé.
— Si tu ne m’avais pas aidé, que fussé-je devenu ? je fusse parti, j’eusse renoncé.
— Sans ton amour, que fussé-je devenu ?

C’est une persistance d’une des anciennes utilisations du subjonctif.
L’ancienne façon consistait à utiliser le subjonctif plus-que-parfait pour l’hypothèse, aussi bien dans la condition que dans la conséquence.
— il m’eût abandonné, j’eusse renoncé (simple irréel du passé)
— s’il m’eût abandonné, j’eusse renoncé (irréel du passé montrant une cause et une conséquence)
Depuis quelques siècles, on marque une chronologie théorique dans l’hypothèse entre la cause et la conséquence, et on distingue progressivement les deux parties avec une sorte d’imparfait dans le passé (appelé indicatif plus-que-parfait) et de futur dans le passé (appelé conditionnel présent) :
— s’il m’avait abandonné, j’aurais renoncé
Mais les anciens temps sont encore possibles, et mélangeables, tant dans la cause que dans la conséquence :
— s’il m’eût abandonné, j’aurais renoncé (ne s’enseigne plus, mais se rencontre encore)
— s’il m’avait abandonné, j’eusse renoncé (parfois enseigné sous le nom de conditionnel passé deuxième forme)

Première phrase avec « si » + subjonctif imparfait.

Vous avez oublié de nous donner le verbe principal de la phrase. Il est absurde de demander la justification du temps d’un verbe dans une subordonnée si on ne connaît pas la conjugaison du verbe principal.
En tout cas, votre « fussions » n’est certainement pas un irréel du passé comme dans les exemples ci-dessus.
« Si nous eussions été », « si nous « fussions devenus »… seraient possibles dans un contexte passé, mais pas un simple « si nous fussions ». Et d’ailleurs, cette phrase est-elle au passé ?
La forme « si + subjonctif plus-que-parfait », exprimant un irréel du passé, n’a pas d’équivalent en « si + subjonctif imparfait » en tant qu’irréel du présent. Cela est incorrect. Au présent, il faut obligatoirement un indicatif dans la condition exposée par « si ».
Alors qu’est-ce que c’est ? C’est peut-être simplement une faute de conjugaison.

Pie Débutant Répondu le 5 juin 2022
Votre réponse
Question orthographe est un service proposé par Woonoz, l'éditeur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire.