RE: appas ou appât ?
Bonjour,
« C’est l’appas du gain qui l’a conduit à accepter. »
Dans mon dictionnaire Hachette, il est écrit « appât du gain »
Est-ce bien « appas » qui est correct dans cette phrase ? et qui correspondrait « aux charmes du gain » ?
Si oui, j’ai dû mal à faire la différence entre « l’appas du gain » et « l’appât du gain ».
Pourriez-vous m’aider ?
Merci par avance.
Bonjour,
Les deux noms appât et appas n’ont pas le même sens.
Appât dont le pluriel est appâts désigne tout ce qui attire,tout ce qui incite à une action ou tout ce qui provoque chez une personne ou un animal un attrait.
Je crois que j’ai cédé à l’appât du gain en prenant ce poste.
Ces vers de terre seront de parfaits appâts pour la pêche.
Malheureusement aucun poisson n’a mordu à l’appât.
Appas ce nom est toujours employé au pluriel et désigne en particulier les beautés qui chez une femme excitent le désir.
Les appas de cette femme au décolleté provocant flattent le coeur et les sens.
J’avoue avec franchise que je commence à perdre mes appas dit la douairière.
Cette ardeur que j’ai pour ses appas, Bérénice en mon sein l’a jadis allumée. [Racine, Bérénice]
Remarque : (Littré)
Appas est le pluriel de appât. L’ancienne orthographe était appast ; au pluriel, appasts ou appas.
La faute a été de faire de ce mot unique deux mots différents. De là toute sorte d’irrégularités qu’on trouve dans les auteurs ; d’abord la plus forte de toutes, qui est appas au singulier.
« Qui dort en sûreté sur un pareil appas, Et le plaint, ce galant, des soins qu’il ne prend pas. » [Molière, L’école des femmes]
Puis appas dit pour appâts ; mais ceci n’est qu’une affaire d’orthographe.
Enfin l’emploi de appas pour exprimer les attraits qu’un homme peut avoir. Le seul remède aujourd’hui à apporter à la confusion serait d’assigner à appas, substantif pluriel, le sens spécial de beautés qui attirent ; puis, cela fait, de ne voir aucune différence entre appas et appâts, au pluriel, pour signifier ce qui amorce, ce qui charme, ce qui attire ;
fusion qui, ne faisant que rétablir la réalité du fait, aurait l’avantage d’ôter l’apparence d’irrégularité au cas où nos bons auteurs ont dit appas ce que nous disons aujourd’hui appâts.