Accords particuliers

Bonjour, j’ai deux questions liées : 1) Quelle est la différence de sens entre  » je les ai laissé punir » et » je les ai laissé(s) se faire punir » ?  <Autrement dit, est-il évident que « je les ai laissé punir » signifie que j’ai laissé quelques personnes « être punies », donc objet ==>donc sans accord ? Un de mes collègues pense que l’on peut envisager le sens : j’ai laissé des personnes punir (sans objet) : auquel cas, l’accord de laissé sera avec un « s » bien sûr. 2) Doit-on accorder le participe passé « laissé » dans la seconde phrase et pourquoi ? Par avance, merci.

joelle Grand maître Demandé le 19 mars 2015 dans Accords

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4 réponse(s)
 

1re phrase : hors contexte, il est difficile de trancher entre vos deux hypothèses. Il faudra donc choisir selon le sens que vous souhaitez entre :
– je les ai laissés punir : les  est COD de laisser, et punir  a un autre COD (potentiellement inexprimé ou exprimé ailleurs), ou est utilisé intransitivement comme dans … laissés sévir ;
– je les ai laissé punir  : les  est COD du groupe verbal laisser punir  (laisser est alors auxiliaire non accordable de punir ), dans le sens de  « j’ai laissé des personnes  être punies ».

2e phrase : la forme pronominale réfléchie  empêche toute confusion. « Les  » est bien COD de laisser  puisque celui de faire punir  est se.
Donc l’accord se fait : « je les ai laissés se faire punir ».

Encore une fois, il faut faire attention à la règle trop mécanique du COD dans ce type de tournure. La notion d’auxiliaire est alors très utile pour bien choisir.

Chambaron Grand maître Répondu le 19 mars 2015

Bonjour

La phrase que vous citez est ambiguë. En effet on ne sait pas qui inflige ou subit la punition donc hors contexte on ne peut pas décider de faire un accord quelconque.

Règle:

Dans un cas plus général et explicite, le participe passé laissé s’accorde avec son complément d’objet direct si celui-ci est placé avant et accomplit l’action exprimée par l’infinitif.

Les enfants que j’ai laissés jouer. ──►accord car ce sont les enfants (COD) qui jouent. 

Le participe passé laissé reste invariable dans les autres cas.

La facture que j’ai laissé payer par le locataire. ──► pas d’accord la facture a été payée.

Voici d’autres exemples:

Ces garnements ! J’espère vous ne les avez pas laissés faire.
Il regrette les affaires qu’il a laissées péricliter
Voyez les mauvaises herbes qu’on a laissées pousser.
Ce sont des sentiments qu’elle n’a jamais laissé deviner.
Je les ai laissées travailler seules.

Remarque:

Le Conseil supérieur de la langue française, qui a publié le 6 décembre 1990 au Journal Officiel  » Les rectification de l’orthographe », conseille de garder le participe passé  « laissé » invariable lorsqu’il est suivi d’un infinitif.

En appliquant la règle que j’ai citée vous devez donc écrire:

Je les ai laissé se faire punir. ──► pas d’accord parce que « les » ne punissent pas, ils se font punir, ils sont punis: ils n’accomplissent pas l’action, ils la subissent. 

 

czardas Grand maître Répondu le 20 mars 2015

Bonjour,

J’ai découvert par hasard ce site http://www.cordial-enligne.fr/

Écrivez dans la fenêtre :  « Je les est laisser ce faire punire.»

Vous serez  surpris!

czardas Grand maître Répondu le 21 mars 2015

Merci pour votre réponse, mais le lien conduit à un logiciel à acheter…

le 21 mars 2015.

Bonjour,

Vous n’avez rien à acheter.
Écrivez une phrase incorrecte dans la fenêtre puis cliquez sur « je vérifie»

le 23 mars 2015.

Indépendamment des notions de COD et d’auxiliaire, il reste sans doute possible d’analyser la phrase de façon informelle.

Tentons l’expérience.
On supposera ici que « les » renvoie à « des femmes ».

1) « Je les ai laissé « punir cette personne » » : c’est-à-dire « j’ai laissé ces femmes » « punir cette personne ».

Cette analyse est cependant trompeuse, car « laisser » détient en réalité plusieurs sens associés à des logiques différentes :

a) laisser quelque chose : « la pomme que j’ai laissée par terre ;

b) laisser quelqu’un (sur le bord de la route) : la personne que j’ai laissée sur le bord de la route ;

c) laisser quelqu’un faire quelque chose : dans ce cas, il s’agit de l’entité « laisser (quelqu’un) faire » : « laisser » se rattache ici à « faire » et non à « quelqu’un » ;

d) laisser + infinitif sans complément : exemple, « laisser agir » : « il les a laissé agir (au mieux) » et non « Il les a laissées [les femmes] « agir (au mieux) ». Ici encore « laisser » se rapporte au verbe « agir » et non au complément « les femmes ».

Donc, l’analyse 1) se rattache sans ambiguïté au cas c) et il n’y a pas d’accord.

*

2) « Je les ai « laissé punir » » :  la phrase ainsi rédigée sans complément s’avère, pour le moins, ambiguë. « Punir » ne se prête a priori guère à un usage absolu (c’est-à-dire sans complément). Mais « être puni » se prête en revanche tout à fait à un usage absolu.

La phrase « Je les ai laissé punir » pourrait, éventuellement, s’analyser de la façon suivante :
i)   « Je les ai laissé être punies »
ii)   ou « Je les ai laissé se faire punir ».

On n’imaginerait pas aisément ici la possibilité de revenir au cas 1) ci-dessus, c’est-à-dire « Je les ai laissé « punir cette personne » ».

Cas i) : il n’y aurait a priori pas d’accord non plus puisque « laissé » serait ici associé à l’entité verbale « être punies » qui la suit sans pouvoir être rattaché à un complément. C’est donc ici « être punies » qui prendrait l’accord et non « laissé ».

Cas ii) : ce cas relève du même raisonnement que le cas i) ci-dessus. Il n’y aurait ainsi pas d’accord non plus. Dans « Je les ai laissé se faire punir », « laissé » est pleinement associé à l’entité verbale qui le suit, c’est-à-dire à « se faire punir », sans pouvoir être rattaché à un complément.

L’analyse « J’ai laissé ces femmes se faire punir » prête à cet égard à confusion. On ne saurait en effet ici concevoir la phrase sous la forme « j’ai laissé ces femmes (se faire punir) » comme on conçoit « j’ai laissé ces personnes sur le bord de la route ». L’entité verbale de référence reste bien ici « laisser se faire punir » et non « laisser ».

Ce raisonnement est appuyé sur les rapports de sens et de subordination entre les termes de la phrases. Il ne s’agit donc pas d’un raisonnement développé à partir de notions grammaticales, parfois inadaptée ou trop strictes qui, on le sait, peuvent, le cas échéant, conduire à des contresens.

* BILAN : sur la base du raisonnement ci-dessus exposé, l’accord de « laissé » ne semble a priori guère approprié pour les phrases suivantes :

–  « Je les ai laissé punir cette personne » ;

–   « Je les ai laissé punir » : en précisant ici que cette phrase, en raison, d’une part, de l’emploi absolu de « punir » et, d’autre part, de son ambiguïté intrinsèque, ne me semble pas des plus judicieuses ;

–   « Je les ai laissé être punies » ;

–   « Je les ai laissé se faire punir »

Scriba Maître Répondu le 7 janvier 2017

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